Entretien avec Rozenn Texier-Picard
Dans le cadre de la semaine des mathématiques, du 17 au 22 mars 2014.
Maître de conférence au sein du département Mathématiques, Rozenn Texier-Picard est également depuis cette année vice-présidente en charge de la parité et de la diversité à l'ENS Rennes.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?
J'ai été élève de l'ENS Lyon de 1995 à 1999, puis j'ai fait une thèse de mathématiques appliquées à l'université Lyon 1. En 2003, un an après ma soutenance, j'ai été recrutée à l'ENS Cachan, campus de Ker Lann.
Quel est votre principal domaine de recherche ? Pourquoi avoir choisi cet objet d'étude ?
Je travaille dans le domaine des équations aux dérivées partielles (EDP). J'ai choisi ce domaine parce que je cherchais à travailler sur des applications des mathématiques et avec les EDP on peut modéliser énormément de phénomènes, qu'ils soient physiques, chimiques, biologiques, ou même économiques...
Y-a-t il une rencontre ou une découverte d'un domaine en particulier qui a été déterminante dans votre choix professionnel ?
Quand j'étais au lycée, je voulais faire de la recherche en biologie. Mais comme j'aimais les maths et que j'étais plutôt à l'aise dans cette discipline, je me suis orientée vers les maths avec le projet de revenir un jour à la biologie. J'ai cherché une thèse à l'interface math-biologie, mais il y avait très peu de recherche dans ce domaine dans les années 90.
Aujourd'hui, ça se développe beaucoup, mais entre temps j'ai choisi d'autres directions, tout aussi intéressantes.
Quels sont vos projets à venir ?
Après un travail sur une méthode numérique pour l'équation de Schrödinger, je me lance dans une recherche en partenariat avec l'institut de physique de Rennes sur l'écoulement dans les films de savon. Un domaine assez proche de ce que j'ai fait en thèse, où les modèles mathématiques ne sont pas encore bien définis, mais pour lesquels les physiciens ont vraiment besoin de modèles et de calculs numériques pour mieux comprendre ce qui se passe.
Quelles ont été jusqu'à maintenant vos plus grandes satisfactions ?
Difficile de répondre ! Ma soutenance de thèse a été un moment très fort : faire un point sur 3 années de recherche, présenter ses travaux à un jury de spécialistes, et les voir reconnus, c'est une satisfaction immense.
Mais enseigner à l'ENS, faire passer ce qu'on aime à des élèves motivés, et les aider à progresser, c'est aussi une grande satisfaction. Quand ces élèves deviennent chercheur-e-s ou enseignant-e-s à leur tour, ça fait vraiment plaisir...
D'où vient votre intérêt pour les mathématiques ?
Je pense que j'ai toujours aimé les mathématiques, même si je n'envisageais pas du tout d'en faire mon métier. En fait, j'ai toujours eu des centres d'intérêt variés, et d'une certaine façon, faire des mathématiques me permet de rester à l'interface de nombreuses autres disciplines, et de continuer à apprendre beaucoup dans des domaines très différents. C'est sans doute ce qui me motive le plus aujourd'hui.
Quels messages souhaitez-vous donner aux jeunes étudiants qui s'engagent dans la recherche scientifique ?
Quand j'étais en thèse, je suis souvent passée par de forts moments de doute, je me dévalorisais, je pensais que je n'y arriverais jamais. C'est un sentiment fréquent, en particulier chez les jeunes femmes dans des disciplines majoritairement masculines. Mais il est souvent infondé ; il faut persévérer, prendre confiance en soi, en parler. La recherche n'est pas un long fleuve tranquille, mais elle offre de beaux métiers pour celles et ceux qui aiment apprendre toujours de nouvelles choses, et qui ne veulent pas s'ennuyer.
Dans le cadre de la journée "Filles et maths", le 30 janvier dernier, Rozenn Texier-Picard a donné une conférence de vulgarisation à l'INSA, disponible sur la wikiradio de l'UEB.
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Mise à jour le 21 mars 2014